Pixel

Avant toute chose, il y a la danse : synthèse de tous les voyages entrepris par l’audacieux Mourad Merzouki, que ce soit à Taiwan, au pays de la musique classique ou sous un chapiteau de cirque. Son hip-hop joue plus sur la grâce et le détail lyrique que sur la force brute. Ses onze danseurs (dont une contorsionniste et un as du roller) sont tantôt assaillis par une tempête de neige, tantôt engloutis par des trous noirs : ils ne cessent de bousculer un vocabulaire que l’on croyait connaître. Car le chorégraphe lyonnais projette cette danse qu’on dit de la rue, donc sociale et « terre à terre », vers une dimension qui n’appartient qu’à l’illusion. Puis surgissent les effets spéciaux, sur le sol comme sur l’écran transparent. D’abord de graciles flocons, comme des billes de polystyrène brassées par les mouvements des interprètes, puis des grillages, des cristaux, des crevasses dans le sol, des anneaux… Enfin, le tourbillon ne serait pas total sans la musique d’Armand Amar : une partition à la croisée des mondes, entre les bandes originales des films de Tim Burton et Philip Glass. Une image numérique, on le sait, se définit par des milliers de pixels ; mais ce Pixel-là est absolument unique.